Effet des lipoprotéines sériques sur la cytotoxicité induite par les polyenes macrolides exemple de l’amphotéricine b, chez les cellules de saccharomyces cerevisiae
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University of Tlemcen
Abstract
Le travail que nous avons entrepris avait pour but d'évaluer l'effet des
lipoprotéines du sérum sanguin sur la cytotoxité des antifongiques poiyènes entre
autres l'amphotéricine B. Les travaux antérieurs sur le globule rouge humain
(Brajtburg.J. et ai 1984) et sur les cellules rénales (Wasan et al 1994), montraient
que lorsqu'on associe l'amphotéricine B à des lipoprotéines sériques, on observait
une réduction de la toxicité. La question posée est de savoir, si dans les mêmes
conditions l'amphotéricine B garderait toute son efficacité vis-à-vis des levures en
vue d'une utilisation thérapeutique.
Les résultats que nous avons obtenus chez les levures, saccharomyces
cerevisiae montrent que:
1- L'amphotéricine B complexée aux lipoprotéines sériques inhibe la
croissance cellulaire de saccharomyces cerevisiae dès les concentrations
- d'amphotéricine B de l'ordre de 2pg/ml, et augmente la perméabilité de ces cellules
isolées de leur milieu de culture et maintenues dans un état stationnaire par
- resuspension dans un milieu salin tamponné.
- 2- Les effets obtenus dépendent des concentrations relatives de
l'amphotéricine B, des lipoprotéines sériques et des cellules de saccharomyces
cerevisiae.
Sur la base des propriétés physico-chimiques d'amphotéricine B liée au
caractère amphiphile, de celles des lipoprotéines sériques (présence d'un
environnement hydrophobe et de molécules de cholestérol non estérifié), il a été
possible de moduler de façons différentes la concentration d'amphotéricine B mise
à disposition pour une interaction avec les cellules cibles de saccharomyces
cerevisiae:
a- Soit en faisant varier la concentration de lipoprotéines sériques dans le
milieu, celle d'amphotéricine B restant fixe.
b- Soit inversement, en faisant varier la concentration d'amphotéricine B,
celle des lipoprotéines sériques restant constante.En utilisant ces deux protocoles, il a été possible d'observer les principaux
faits suivants:
- 1- En ce qui concerne l'effet de concentrations croissantes des lipoprotéines
- sériques sur l'amplitude des phénomènes toxiques d'amphotéricine B, nos résultats
montrent que lorsque les concentrations d'amphotéricine B sont de l'ordre de 1
- g/ml, l'addition de lipoprotéines sériques dans le milieu d'essai contenant les
cellules de saccharomyces cerevisiae, induit un effet protecteur relatif (50% de fuite
potassique par rapport au contrôle). Dès les concentrations d'amphotéricine B de
- l'ordre de 2pgIml, les lipoprotéines sériques montrent un effet protecteur transitoire.
Cet effet apparaît à des périodes d'incubations courtes (25 minutes). Les
lipoprotéines légères, LDL montrent par ailleurs, un effet protecteur
significativement moins important que celui des lipoprotéines lourdes, HDL.
Lorsque les périodes d'incubation deviennent supérieures à 30 minutes, les
lipoprotéines sériques modifient seulement les cinétiques de fuite de potassium
intracellulaire, sans affecter l'état stationnaire.
Ces résultats sont en accord avec ceux de HAMMOND et ai 1974, qui ont
montré que l'augmentation de la perméabilité ionique se produit au cours des
premières minutes de l'addition de l'antifongique, alors que, la présence de
lipoprotéines dans le milieu inhibent significativement les cinétiques de fuite du
potassium interne des cellules de candida albicans.
2- En ce qui concerne l'effet dose-réponse c'est-à-dire l'effet de
concentrations croissantes d'amphotéricine B à concentration fixe de lipoprotéines,
- l'addition de l'amphotéricine B libre dans le milieu de cellules de saccharomyces
cerevisiae, induit une fuite potassique significative, dès les concentrations de l'ordre
de 0.5 pg/ml. Un maximum de fuite potassique (16% de K retenu par rapport au
contrôle), n'est atteint qu'à partir de concentrations d'amphotéricine B de l'ordre de
5pg/ml, dès les cinq premières minutes d'incubation à 370c.L'addition des lipoprotéines sériques natives, (de concentrations équivalentes
à celles du plasma sanguin) induit un effet protecteur entre O et 25 minutes
d'incubation. Cet effet se réduit d'une manière importante pour disparaître à deux
heures d'incubation à 37c dès les concentrations de l'amphotéricine B de l'ordre de
5 pg/ml de solution.
L'addition de lipoprotéines sériques de concentration en cholestérol de moitié
et au 1/10 à celle du plasma sanguin, montrent des effets différents sur la toxicité
de l'amphotéricine B suivant le type de lipoprotéines sériques:
A des concentrations d'amphotéricine B de l'ordre de lpg/ml, et durant des
périodes d'incubation courtes (25 minutes):
- Les lipoprotéines lourdes, HDL induisent un effet protecteur important (83%
de K+ retenu par rapport au contrôle.)
- Les lipoprotéines légères LDL montrent aussi un effet protecteur de l'action
toxique de l'amphotéricine B. Cependant cet effet est significativement plus réduit
que celui induit par les HDL.
A des périodes d'incubation, longues (2 h), seules les lipoprotéines sériques
I-IDL montrent un effet protecteur minime. (50% de K+ retenu.)
Dès les concentrations supérieures à 2pg/ml l'amphotéricine B complexée
aussi bien aux lipoprotéines lourds, HDL qu'aux lipoprotéines légères, LDL montrent
un effet toxique important équivalent à celui de l'amphotéricine B sous sa forme
libre. (16 0/o seulement de K retenu.)
3 -En ce qui concerne l'effet de la densité cellulaire sur les phénomènes
toxiques d'amphotéricine B, nos résultats montrent que la fuite du potassium
intracellulaire des cellules de saccharomyces cerevisiae induite par l'amphotéricine
B libre dépend non seulement de la concentration de l'antifongique, mais aussi de
la densité cellulaire dans le milieu d'épreuve. Le contenu en potassium dans le
milieu extérieur devient important lorsque la concentration de l'amphotéricine B et
celle de la suspension cellulaire de saccharomyces cerevisiae augmente.4 - Par ailleurs, l'addition d'une source d'énergie tel que le glucose à
lOmmol/l, ne modifie pas l'amplitude de cytotoxicité de l'amphotéricine B.
Autrement dit, l'énergisation cellulaire ne semble pas protéger les cellules contre
l'effet cytotoxique.
Enfin, l'analyse détaillée des effets dose-réponse montrent qu'aux faibles
concentrations d'amphotéricine B (inférieures à 2pglml), les lipoprotéines sériques
montrent un effet protecteur relatif lorsqu'elles sont utilisées à des concentrations
élevées (supérieures à 1OOJgIml de cholestérol total). Des concentrations
supérieures ou égales à 2pg/ml sont nécessaires pour obtenir une activité inhibitrice
pleine.
Cet effet protecteur relatif suggère qu'un mécanisme d'internalisation des
lipoprotéines sériques, notamment les lipoprotéines légères, LDL n'a pas lieu chez
les levures de saccharomyces cerevisiae. Le seul mécanisme d'action, est le
mécanisme classique, c'est-à-dire celui de l'interaction directe de l'amphotéricine B
avec les constituants de la membrane plasmique en l'occurrence l'érgostérol.
Cependant, la preuve expérimentale directe de l'absence des récepteurs aux LDL,
chez les levures, nécessite une utilisation des lipoprotéines marquées sur leur
partie apoprotéiques, et le suivi de leur devenir à l'intérieur de la cellule.
Le prolongement naturel de notre travail est l'étude in vivo de l'effet des
lipoprotéines sériques sur la toxicité de l'amphotéricine B. D'autre part, en faisant
varier la composition des lipides aussi bien des cellules cibles que des
lipoprotéines sériques on peut obtenir des informations complémentaires
intéressantes sur les mécanismes de base des phénomènes de toxicité de
l'amphotéricine B.
Enfin ,une étude approfondie de l'effet de ces antifongiques sur les deux
formes (libre et complexée aux lipoprotéines sériques sur le métabolisme cellulaire
des cellules cibles permet de compléter l'étude de cet antifongique et de faire la
part de ce qui revient aux effets purement membranaires et de ce qui revient aux
effets sur le métabolisme cellulaire.