Leucémie myéloïde chronique «Efficacité et toxicité de l’imatinib dans la prise en charge de la LMC»
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University of Tlemcen
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La leucémie myéloïde chronique est un cancer du sang. C'est une hémopathie maligne
clonale caractérisée par une prolifération des cellules souches hématopoïétiques
prédominante sur la lignée granuleuse sans blocage de la maturation et par la présence
d'une anomalie cytogénétique acquise : le chromosome Philadelphie (Ph). Ce dernier est
le résultat d'une translocation réciproque entre les chromosomes 9 et 22. Cette
translocation conduit à la formation d'une protéine oncogénique de fusion Bcr-Abl qui
présente une activité tyrosine kinase dérégulée, responsable de la maladie.
C'est une maladie rare avec des taux d'incidence annuelle qui varient de 0,6 à 2 cas pour
100 000 habitants. Elle s'observe entre 30 et 50 ans et touche préférentiellement
l'homme. En l'absence de traitement, elle évolue en 3 à 5 ans vers une leucémie aiguë
rapidement mortelle (4). Son pronostic a été considérablement amélioré ces quinze dernières années par l'arrivée
des inhibiteurs de la tyrosine kinase. L'imatinib mesylate, premier inhibiteur de tyrosine
kinase spécifique de la protéine Bcr-Abl est aujourd'hui le « gold standard » dans le
traitement de la LMC. Il a permis d'obtenir des résultats variés selon les séries avec des
taux de survie atteignant 88% à 6 ans.
Notre travail avait pour objectif général d'évaluer la prise en charge des patients atteints
de LMC et traités par imatinib mesylate au service d'hématologie CHU Tlemcen. Pour
cela, notre objectif était de:
Décrire les aspects cliniques et biologiques des patients au diagnostic
Evaluer les facteurs pronostiques au diagnostic
Evaluer la réponse au traitement par l'imatinib mesylate
Identifier les facteurs de mauvais pronostic au cours du traitement
Ainsi nous avons mené une étude longitudinale portant sur 120 cas de leucémie
myéloïde chronique suivis entre 2003 à 2024 au service d'hématologie CHU Tlemcen.
Ont été inclus les patients qui présentaient une LMC confirmée par la présence du
chromosome de Philadelphie t (9; 22) à la cytogénétique et/ou du transcrit Bcr-Abl à la
biologie moléculaire et qui étaient traités par imatinib mesylate. Ceux dont le suivi était
inférieur à 3 mois et dont les dossiers étaient inexploitables en raison du manque
d'information n'ont pas été inclus.
La durée moyenne de suivi de ces patients était de 39 mois (3 - 210 mois).
L'âge moyen des patients au début du suivi était de 45 ans. L'âge minimal était de 12
ans, le maximal de 78 ans. La tranche d'âge la plus représentée était celle comprise 35 et
45 avec un taux de 20,7%.
Une prédominance masculine était notée avec une sex-ratio à 1,4.
Au moment du diagnostic 83.4% des patients étaient symptomatiques. La splénomégalie
était présente dans 75% des cas. Le diagnostic était fait à la phase chronique dans 92.8% des cas et le risque selon le
score de Sokal était élevé dans 32.8% des cas.
Cependant dès la suspicion de la LMC, 50.1% des patients recevaient de l'hydroxyurée
comme traitement cytoréducteur d'attente. L'ensemble de la cohorte était par la suite mis
sous imatinib sur une durée moyenne de 27,05 mois.
Les taux de RHC, RMM, RMC étaient respectivement de 85%, 21% et 3.3%. La RM n'a
été évaluée que chez 25.8% des cas.
Au cours du traitement, les cytopénies constituaient les effets secondaires prédominants
(40.8%).
A la fin de notre étude, la maladie avait progressé vers une phase avancée dans 7% des
cas, dont 6 patients sont par la suite décédés. Des résistances à l'imatinib étaient notées
chez 42.5%.
Ce travail révèle le retard diagnostique et par conséquent celui de la prise en charge des
patients atteints de LMC, mais également les difficultés d'accès au suivi thérapeutique
selon les recommandations de l'ELN. Ces insuffisances ont un impact sur la réponse au
traitement et donc sur la survie à long terme des patients.