profil epidemiologique des maladies parodontales chez les patients diabetiques admis au service de parodontologie CHU Tlemcen entre octobre 2019 et fevrier 2020

Abstract

La maladie parodontale est reconnue comme la sixième complication du diabète. Elle a un impact significatif sur le statut métabolique des personnes diabétiques par l'intermédiaire des médiateurs de l'inflammation qui sont libérés de manière chronique. Ceci entraîne une résistance à l'action de l'insuline et provoque une hyperglycémie chronique ce qui contribuerait à l'apparition des complications du diabète. Les études épidémiologiques permettent d’affirmer que le diabète constitue un réel facteur de risque de maladies parodontales, avec un risque trois fois plus élevé et une sévérité des atteintes associée au déséquilibre glycémique. Une relation bidirectionnelle semble également se confirmer par le biais des études qui témoignent de l’impact positif des traitements parodontaux sur l’équilibre glycémique des patients diabétiques. Notre étude nous a permis d’identifier les principaux caractéristiques de la population diabétique présentant une atteinte parodontale consultant notre service de parodontologie, la population était âgée, à prédominance féminine avec un mauvais contrôle glycémique , La plupart des patients avaient une parodontite avec une hygiène buccodentaire mauvaise en générale, associée à des pertes d’attaches cliniques allant de modérées à sévères. Vu la petite taille de notre échantillon, ces résultats ne sont que peu représentatifs. Les patients diabétiques sont insuffisamment prévenus de la nécessité d’un suivi régulier de leur état de santé bucco-dentaire. Les recommandations de l’ANAES (Agence Nationale d’accréditation et d’Evaluation en Santé) préconisent un rendez-vous bi-annuel auprès d’un chirurgien-dentiste pour un patient diabétique de type 2. La sensibilisation des professionnels de santé, reste insuffisante dans ce domaine. Le suivi régulier du taux d'HbA1c par les patients diabétiques doit être amélioré (il fait partie aujourd’hui des recommandations de la HAS à raison d’un contrôle tous les 3 mois). Au terme de cette étude, plusieurs actions doivent être mises en place : • Informer et sensibiliser les patients diabétiques de leur plus grand risque de développer une maladie parodontale et d’un moins bon contrôle des paramètres glycémiques en cas de parodontite non traitée. • Faciliter l’accès aux soins par une meilleure prise en charge • Une attention encore plus particulière sur le risque infectieux (éradication des foyers infectieux bucco-dentaire) et sur le stress/anxiété. Il faudra demander la dernière analyse d’hémoglobine glyquée. Nous pouvons nous mettre en contact avec le médecin traitant en cas de doute. Il est aussi important de connaitre les signes d’un malaise hypo ou hyperglycémiant. • Pour un patient bien contrôlé: pas de précaution particulière sauf en cas de complications associées (MCV ou MR). • Pour un patient sous insuline : les rendez-vous doivent être de préférence en dehors des pics d’insuline (risque d’hypoglycémie le plus faible). • Pour un patient non contrôlé ou mal contrôlé (Hb1ac >7%) : antibioprophylaxie nécessaire pour les soins urgents ou invasifs dans l’heure qui précède le geste, et cela jusqu’à cicatrisation complète des muqueuses. • Autres précautions: les glucocorticoïdes sont à éviter, ainsi que l’aspirine et ses dérivés notamment chez un patient sous sulfamides. • Adresser à un spécialiste (endocrinologue) les patients non diagnostiqués comme diabétiques, mais présentant des signes de maladie parodontale associée à des signes de diabète de type 2 (polyurie, polydipsie, polyphagie). Dans ce cas, la mesure du taux d’HbA1c, simple et rapide, peut être prescrite par le chirurgien dentiste en première intention. • Enfin, il est nécessaire d’intégrer le Chirurgien-dentiste dans les réseaux de soin. Donc les patients diabétiques sont et seront aussi de plus en plus fréquents au cabinet dentaire puisque près de 10 % de la population mondiale est diabétique. Il représente un véritable enjeu de santé publique avec une croissance fulgurante dans le monde entier (on parle de pandémie). La pluridisciplinarité des équipes de professionnels prenant en charge les patients diabétiques doit intégrer le rôle du chirurgien-dentiste.